La scène politique de ce dernier trimestre a été bien mouvementée et si les actions qui semblent s’engager, ou du moins leur communication, ont des relents de positions anciennes, ne tenant pas compte des travaux de recherche, j’ai retenu des premiers discours deux idées force qui promeuvent une société inclusive, soutenant alors de façon plus claire une école inclusive: la diversité est une richesse ; dépassons les étiquettes qui forment notre prison.
La diversité est une richesse. Parfois, nous pouvons la voir encore comme quelque chose qui entrave le fonctionnement d’une classe, ralentit son rythme et empêche d’aller au bout du programme. Parfois, ce sont des étonnements, une surprise, une motivation à chercher des modalités pédagogiques et didactiques qui redonnent de la saveur au métier. La compréhension plus fine des manières d’être des éléves, de leur fonctionnement cognitif, de leur façon particulière de faire des liens, de poser des questions, nous conduisent à interroger nos évidences, à vouloir inventer de nouvelles démarches, situations. La diversité des élèves appelle un nouveau regard sur ce qu’est une classe, le métier, sur l’acte d’apprendre et celui d’enseigner… La conception du cours doit donc s’éloigner définitivement d’ un standard à appliquer et dépasser certaines conceptions qui ont longtemps prévalu. Un élève qui ne sait pas lire, ne peut pas lire, peut pour autant comprendre des notions abstraites, mettre en lien des notions… Un élève qui n’écrit pas, ne peut pas écrire, peut faire part de réflexions originales et poser des questions pertinentes… Au delà de ces exemples, la diversité des élèves, ce sont toutes les surprises que ces deniers nous offrent parfois. Afin de mieux connaître et comprendre cette richesse autrefois masquée, n’ayons aucun regret de ce temps dépassé, il peut être utile de noter ces découvertes car elles nous indiquent des modalités autres pour rendre accessibles nos cours à tous. Il nous faut aussi permettre aux élèves de saisir combien ils sont divers et à la fois semblables et que vivre et apprendre ensemble est une expérience d’humanité qui demande que chacun en prenne soin.
Pouvons -nous dépasser les étiquettes dans lesquelles nous nous enfermons ?
La différence a sans doute besoin de se nommer pour être appréhendée, dans un souci de compréhension, et cela est légitime… Pour autant la complexité humaine ne peut s’enfermer dans des étiquettes et donner une vision parcellaire de l’élève que je vais nommer » BEP » ou dysphasique, ou dys.. ou ? Cette vison catégorielle appartient aussi aux anciennes logiques et il semble difficile de s’en passer. C’est en cela que cet éclatement politique m’intéresse… J’ai pu noter les difficultés des journalistes qui tentaient encore de dire de droite, de gauche … De même, le monde scolaire peut enfermer ainsi de nombreux élèves dans des déterminismes sociaux, culturels, de comportement ou ses difficultés. FInalement, ne pouvons- nous considérer que dans chaque classe, nous avons des élèves qui sont en difficulté pour lire ou pour écrire, qui n’ont pas forcement les acquis attendus, qui ne s’expriment pas facilement et que notre travail consiste bien à favoriser pour tous des situations où ils seront mobilisés dans un questionnement, un travail qui fasse sens pour eux?
Alors que les conseils de classe finissent de se dérouler, quels reflets de nos convictions apparaîtront ? Quand nous nous attardons sur un « Élève BEP », que choisissons-nous de transmette aux collègues ? Son étiquette? Il est …. ou les découvertes que nous avons faites avec lui pour comprendre ce qui était une aide pour lui, quelle était la meilleure guidance à lui proposer, quels étaient ses points d’appui et ses centres d’intérêt ? Quelles attitudes nous avons testées et qui sont efficientes? Ou quels moyens d’explicitaion,d’accompagnement nous avons pu tester et qui se sont révélés opérants? Avons-nous envisager que du Nouveau puisse se donner à voir à la rentrée ?
OUI, clairement, c’est toute cette richesse qu’il faut transmettre et non l’étiquette facile et mortifère qui pourrait décourager nos collègues et leurs futurs éléves. Ainsi nous capitalisons peu à peu nos tâtonnements, nos visions et compréhensions de ces territoires admirables de pensées, d’émotions, de sensibilité, d’expression, d’imagination, que sont tous nos élèves. Nous enrichissons ainsi nos manières d’agir, d’exercer notre métier
Véronique Poutoux, rédactrice en chef. Le 15 Juin 2017.